MOOD, c’est un format bricolé qui tisse un lien entre ce qu’il se passe d’un côté et de l’autre de mon épiderme ; ce qui remue sous ma peau et autour d’elle. Je prends chaque mois une émotion, un ressenti, un état d’être en filature pour mieux saisir comment le monde extérieur façonne notre intérieur - ou alors est-ce l’inverse ?
J’ai voulu créer un espace pour dire l'ambiguïté des sentiments, le flou dans la tête et dans le corps, le paradoxal, le compliqué et le pas simple. Je les tamise pour en récupérer ce qui brille ; en d’autres termes, comment le politique pénètre notre intime.
Bloqués dans la rigidité d’un quotidien qui avance trop vite, nous vivons souvent des vies asymptotiques. On se rapproche infiniment près les uns des autres sans jamais vraiment se rencontrer, se croiser. Comme si tout ce qui nous débordait devait être rapidement ravalé ou travesti, sauf éventuellement dans le confort de notre solitude ou de notre lit, la nuit.
À force de les faire vivre dans le noir, les émotions s’éteignent et stagnent dans le lac tiède des ventres. Faire exister cette matière émotionnelle en-dehors de nous pour la voir, la façonner, c’est donner une chance aux picotements de nos failles respectives de se reconnaître. D’une individualité, on passe alors au collectif : il devient possible de se soigner, de faire émerger des problématiques et des actions collectives. Or, l’intelligence collective est aujourd’hui l’un des catalyseurs les plus efficaces pour réagir aux crises multiples et systémiques que nous vivons - Encore faut-il savoir pourquoi et comment se montrer vulnérables pour la faire naître.
Célébrer notre fragilité et notre interdépendance pour favoriser un monde meilleur, se donner la possibilité de se laisser atteindre par les autres, cela commence parfois par partager son MOOD.